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Nous trouvons donc dans ce document officiel que nous avons un système d’écoles primaires en partie dirigées par l’État, un système de collèges classiques qui échappent au contrôle de l’État mais qui sont excellents néanmoins, et ont toujours fait des efforts sérieux pour élever le niveau des études ; et trois universités, une catholique et deux protestantes ; nous connaissons aussi le nombre d’étudiants qui fréquentent chacune d’elles. Si nous déduisons du nombre total des étudiants de Laval les étudiants en théologie, qui sont dans une catégorie spéciale dont ne s’occupe pas la présente étude, si nous retranchons un tiers des étudiants de Bishop’s où il y a aussi une faculté de théologie, et si nous mettons le nombre des étudiants en regard du chiffre de la population catholique et protestante de la province, c’est-à-dire de la population française et anglaise, nous arrivons au résultat que voici :

Population catholique, (recensement de 1891), environ 1,293,000
Étudiants catholiques 722
Population protestante 196,000
Étudiants protestants 1,358

À l’université catholique 27 élèves étudient les sciences appliquées ; dans les universités protestantes le nombre de ces étudiants est de plus de 250 ; 232 pour McGill seule.

En citant ces chiffres alarmants et humiliants pour prouver combien l’éducation supérieure chez nous a besoin d’être réformée, nous désirons qu’il soit bien compris que nous n’entendons blâmer personne, ni les autorités universitaires, qui ne demandent pas mieux que de voir augmenter le nombre de leurs élèves, ni les jeunes gens qui, au premier coup d’oeil, semblent indifférents aux avantages qu’on leur offre. Nous croyons que l’insuccès tient à d’autres causes qu’à la mauvaise volonté des uns et des autres. Cherchons à les découvrir. Ces statistiques, du reste, ne donnent pas une idée tout à fait juste de la situation. Pour la bien juger, il faut ne pas oublier que nous avons dans Québec de véritables écoles spéciales d’industrie laitière, ce qui rend un peu moins inférieure la situation des Canadiens-français. Nous savons aussi qu’un bon nombre de ceux qui étudient à McGill les sciences appliquées et la médecine viennent d’autres provinces.

Nous ne prétendons donc pas que la situation de la population de langue anglaise de Québec et du Canada, au point de vue scientifique et industriel, soit beaucoup plus florissante que celle des Canadiens-français. Nous savons, au contraire, que le pays tout entier est fort arriéré sur ces points. Mais dans cet ouvrage nous nous occupons spécialement des Canadiens-français et nous constatons qu’au point de vue des hautes études, scientifiques et industrielles, — sauf la seule exception de l’industrie laitière, exemple précieux qui prouve ce dont notre peuple serait capable, — les résultats sont à peu près nuls ; et nous croyons sin-