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donne d’excellens conseils ; et quand Louis XII lui confie, dans des temps difficiles, le gouvernement de la Bourgogne, Junon compose pour lui un long traité de politique : amalgame monstrueux de la fable et de l’histoire, qui ôte à la vérité sa vraisemblance, et qui détruit en grande partie le charme d’un récit où l’on ne cherche que des faits authentiques.

Bouchet ne se borne point à ce moyen de donner l’essor à son imagination poétique ; il a soin de se ménager l’occasion de faire parler en vers tous ses principaux personnages. C’est ainsi que l’on trouve dans son ouvrage une multitude d’épîtres qui sont attribuées soit à La Trémouille, soit à celle qui fut l’objet de sa première inclination, soit à ses deux épouses, soit à la première femme de Louis XII, lorsque ce prince voulut faire rompre son mariage pour épouser Anne de Bretagne.

Les éditeurs de l’ancienne collection des Mémoires ont écarté de l’ouvrage de Bouchet toute la partie mythologique ; ils ont également supprimé les épîtres en vers. On pourroit donc leur savoir gré de leur travail, si, poussés par le désir de donner à cet ouvrage une couleur moderne, ils n’en avoient retranché un grand nombre de détails curieux et de morceaux intéressans. Non-seulement ils ont fait disparoître tous les discours que La Trémouille prononce dans les circonstances importantes, mais ils ont abrégé les conversations entre les principaux personnages, de manière à leur faire perdre toute leur originalité naïve. Non contens de mutiler ainsi une production dont presque tout le charme consiste dans la peinture fidèle des mœurs, ils n’ont pas craint quelquefois de substituer leurs idées à celles de Fauteur ; ce qui donne lieu à des disparates qui peuvent être aperçues par les lecteurs les moins exercés.

Nous nous sommes appliqués, en conservant scrupuleusement dans l’ouvrage tout ce qui appartient à l’histoire, à n’y rien ajouter qui puisse en altérer le coloris. Forcés,