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DEUX DE TROUVÉES.

— Pas capable, mon maître ; jamais capable de payer $1200 ; pas seulement cent picaillons !

— Tu crois ? Nous allons voir. Le capitaine tira de la poche de son gilet une feuille de papier sur laquelle il avait fait, avec Sir Arthur, quelques calculs.

D’abord, c’est une règle de l’habitation que chaque jour de travail est composé de douze heures. Ces douze heures m’appartiennent ; le reste de la journée vous appartient ; et si quelquefois j’ai besoin de vous faire travailler plus longtemps, comme dans le temps de la roulaison, chaque heure extra vous sera comptée et payée. Comprends-tu que tu doives travailler douze heures tous les jours excepté les dimanches ?

— Oui, mon maître.

— Comprends-tu que si tu me payes $1200 tu auras racheté ces douze heures, que j’appellerai heures majeures pour les distinguer des heures ordinaires, et que tu ne seras plus obligé de travailler, que tu seras libre enfin ?

— Oui, mon maître ; mais je ne comprends pas comment je pourrai gagner $1200.

— Attends un peu. Comprends-tu que si tu me donnes un douzième de cette somme, c’est-à-dire $100, tu auras racheté un douzième de ton temps de travail, c’est-à-dire une heure majeure ?

— Pas trop, répondit Pompée en se grattant l’oreille ; puis il reprit : après quelque temps de réflexion : oui je comprends ; quand j’aurai donné $100, j’aurai payé une heure majeure, et je n’aurai que onze heures de travail à donner par jour.