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UNE DE PERDUE

que vous lui donnerez, ainsi que les effets que vous lui vendrez, et aussi toutes les heures de travail que vous donnerez en sus de vos heures ordinaires de travail. Tout sera marqué. Comprenez-vous ?

— Un peu, dit Pompée, mais je n’aimerais pas que l’on marquât à un autre ce que j’aurais donné.

— Ne crains pas cela, tout sera fait et marqué avec soin ; d’ailleurs je vais donner à chacun d’entre vous un petit livre, dont vous aurez bien soin, et dans lequel l’économe fera une entrée correspondante à celle du grand livre, chaque fois que vous lui donnerez quelque chose.

L’idée du petit livre parut faire plaisir à ces pauvres nègres, qui ont tant de raisons de craindre d’être trompés. Ils ne comprenaient pas beaucoup encore, mais ils avaient foi dans leur maître ; ils espéraient en un acte de générosité, plutôt qu’ils n’avaient foi dans leur travail comme moyen de rédemption.

— Comprenez-vous, mes enfants ? leur demanda le capitaine.

— Pas beaucoup, dit Pompée en souriant.

— Écoutez-bien. Je vais commencer par te montrer, Pompée, comment tu peux te racheter et en combien de temps. Tu vaux $1200, cette valeur est marquée dans ce livre. Ainsi pour racheter ta liberté, il faut que tu me donnes $1200. Penses-tu que tu puisses me payer $1200 en cinq ans ?

Pompée partit d’un éclat de rire si franc et si bruyant, qu’il devint contagieux. Le capitaine lui-même ne put s’empêcher de sourire malgré tout son sérieux.

— Voyons ! voyons ! réponds.