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DEUX DE TROUVÉES.

négrillons. Au bout du camp était l’hôpital ; un peu plus loin la maison de l’économe, et en avant de sa maison, au milieu de la cour, s’élevait la cloche de la plantation. Le camp était entouré d’une clôture en planches, de douze pieds de haut, le tout formant un parallélogramme de mille pieds de long, sur à peu près trois cents de large.

Le camp était presque désert, quand le capitaine y entra : à l’exception de deux à trois vieilles négresses à l’infirmerie, et d’une demi douzaine de négrillons qui jouaient dans une marre d’eau, tous les esclaves étaient au camp.

Le capitaine avait envoyé Trim prévenir l’économe de son arrivée, lui faisant dire en même temps de faire rentrer tous les nègres, à six heures précises.

À peine le capitaine et ses hôtes avaient-ils eu le temps de faire la visite de la sucrerie, du jardin et des vastes dépendances de l’habitation, que l’économe arrivait à cheval, suivi d’une centaine d’esclaves, hommes et femmes, chacun portant sa pioche et sa hache. Une troupe de petits négrillons, tout barbouillés, et portant des bouts de canne à sucre qu’ils mangeaient à belles dents, les suivaient en criant et gambadant ; on eut dit une troupe de petits gnomes.

Tous les nègres défilèrent un à un devant leur petit maître, comme ils l’appelaient ; plusieurs se souvenant de l’avoir vu tout enfant. Ils avaient la joie peinte sur la figure ; leur pas était leste, malgré une longue journée de travail. Chacun saluait le maître en passant.

Sir Arthur remarqua que, malgré les paroles bien-