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UNE DE PERDUE

qu’elles sont si bien cultivées, si bien tenues ; que l’hospitalité des planteurs est si généreuse, si cordiale ; en même temps qu’elle est si magnifique et si somptueuse.

— Tu ne trouveras pas de somptuosité à l’habitation de monsieur de St. Luc, car elle n’a jamais été la demeure de son propriétaire ; mais de la cordialité, oui, et tout plein, le maître est la générosité même. Allons, mon enfant, vas te coucher, car nous partons de bonne heure demain ; et j’ai des lettres à écrire cette nuit.

Le jour suivant, le soleil se leva radieux ; le temps était superbe ; le voyage fut heureux ; mademoiselle Clarisse était joyeuse et avait repris une partie de sa gaieté. De temps en temps elle dirigeait un coup d’œil timide vers le capitaine qui parlait avec animation à Sir-Arthur et aux planteurs.

Aussitôt arrivés à l’habitation, une collation fut servie, après laquelle le capitaine, Sir Arthur et sa fille allèrent visiter le camp des noirs.

Tout était dans le plus grand ordre ; les cases des esclaves, au nombre de vingt, étaient rangées sur deux lignes parallèles. Elles avaient été nouvellement lanchies à chaux. L’économe de l’habitation tenait à ce que le capitaine fut content de lui. C’était plaisir à voir que ces petites cases, destinées chacune à deux familles, étant partagées en deux par une cloison ; elles étaient éloignées les unes des autres d’à peu près cinquante pieds ; cet espace était occupé par un petit jardin qui s’étendait en arrière des cases. Entre les deux rangées, un vert gazon d’un arpent de large sur toute la longueur du camp, servait de cour et de lieu de récréation aux petits