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DEUX DE TROUVÉES.

Mais nous le verrons aujourd’hui, j’espère. Il m’a dit avoir quelque chose d’intéressant à me communiquer et qu’il voulait présenter ses respects à sa petite amie.

De vives carnations montèrent aux joues un peu pâles de la charmante enfant ; et son joli petit pied, coquettement chaussé de brodequins de kid noir, s’agita plus vivement sur le tabouret au rebord duquel il était appuyé.

Depuis quelque temps, elle était triste et mélancolique. Les événements, survenus depuis son débarquement à la Nouvelle-Orléans, l’avaient profondément attristée ; et depuis que Miss Sara était partie, il lui semblait qu’elle était seule dans cette grande ville. À la nouvelle que le capitaine Pierre devait venir le jour même, elle sentit un mouvement de joie et de bonheur, comme elle n’en avait pas éprouvé depuis longtemps.

Elle se leva du fauteuil où elle était assise, s’approcha de son père, lui jeta ses deux bras autour du cou et l’embrassa ; puis courut à sa chambre faire sa toilette.

Sir Arthur prit le journal, qu’on venait d’apporter, et se mit à le parcourir avec indifférence, mais quand il eut lu le compte-rendu de la libération du docteur Rivard, il jeta le journal sur la table, se leva vivement en disant, assez haut pour que sa fille qui rentrait put l’entendre, « oh ! c’est une fatalité, c’est ainsi que les criminels s’échappent ! »

— Qu’as-tu donc, mon petit papa ?

— Rien, rien, mon enfant. C’est le docteur Rivard qui vient d’être mis en liberté — ce pauvre M. de St. Luc doit être bien vexé !