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DEUX DE TROUVÉES.

invétérée que nous porte l’esclave. La perspective d’une captivité perpétuelle, que le nègre redoute quelquefois autant que la mort, le pousse sans cesse vers le désir de s’émanciper. Et l’émancipation, dans l’esprit du nègre, c’est l’anéantissement des blancs ; ces deux idées dans sa tête n’en font qu’une. Peut-être n’aurons-nous pas toujours la chance de supprimer si aisément une autre révolte.

« Offrons-leur donc une perspective de liberté, tout en nous assurant une rémunération équivalente à la valeur de chaque esclave.

« Chaque esclave est la propriété de son maître, et est une valeur réelle, estimable à prix d’argent.

« Le travail de l’esclave appartient à son maître.

« La valeur de l’esclave est en général en proportion de la somme de travail qu’il peut donner.

« Les heures de travail, que l’on peut raisonnablement exiger d’un esclave, sont de douze heures par jour. Ces douze heures de travail, répétées tous les jours, offrent la valeur de l’esclave. Ainsi en supposant pour un instant que l’esclave vaille six cents dollars, cette somme représente les douze heures de travail de l’esclave durant sa vie. Si l’on divise ces cents dollars en douze parties égales, on aura la somme de cinquante dollars pour la valeur de chaque heure de travail de cet esclave.

« Maintenant si l’on offre à l’esclave de lui vendre une heure de son travail par jour, pour cinquante dollars, il ne sera pas effrayé par la somme. Car il n’y a pas un nègre qui ne puisse facilement mettre de côté cinquante dollars tous les ans. D’abord, tous les dimanches lui appartiennent, ce qui lui permet de