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UNE DE PERDUE

CHAPITRE XXXI.

plan d’émancipation.


Pierre de St. Luc crut que les circonstances étaient favorables pour mettre à exécution un plan d’émancipation, qu’il avait conçu depuis plusieurs années.

Quelques jours après les événements dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, il invita plusieurs des planteurs les plus influents de la paroisse St. Charles à se réunir chez lui, pour discuter avec eux l’opportunité et les avantages de ce plan.

Les idées de liberté, qui peu à peu s’étaient réveillées dans l’esprit des esclaves, faisaient craindre de nouvelles tentatives de révolte, sinon prochaines, du moins pour l’avenir. Il était donc important pour les propriétaires d’adopter un système qui, tout en leur assurant une aussi grande somme de travail de la part de leurs esclaves, pourrait les mettre à l’abri de ces coups de mains qui, par leur fréquence, leur causaient beaucoup d’inquiétude, et pouvaient mettre leur vie sérieusement en danger.

Le plan du capitaine visait à produire ce résultat. Il fallait pour cela présenter à l’esclave une perspective de liberté, résultant du travail et de la bonne conduite. C’est ce que Pierre de St. Luc avait eu en vue.

Lorsque tous les planteurs furent réunis, le capitaine leur exposa ainsi son plan :

— Je vous ai prié de vous réunir ici, messieurs, non pas tant dans l’espoir que vous adopteriez le