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UNE DE PERDUE

sissant aux cheveux il agita sa hache au-dessus de sa tête, se préparant à l’ensevelir dans sa cervelle ; quand tout à coup un cri, comme le rugissement d’un lion, retentit dans la forêt ; puis d’un bond, comme le bond d’un tigre qui fond sur sa proie, un homme s’élança sur Sambo et, saisissant sa hache d’une main puissante, lui cria à l’oreille : « Sambo ! »

— Trim ! murmura Sambo, en reconnaissant son frère, et baissant la vue malgré lui sous le feu de sa prunelle ardente.

— Trim ! répétèrent presque d’une voix tous les esclaves du capitaine.

— Mes amis ! cria Trim, qu’avez-vous fait, que voulez-vous faire ? vous êtes tous perdus. Rendez-vous, ou vous êtes tous morts ; les milices de la Nouvelle-Orléans sont arrivées.

— Pardon à tous ceux qui mettront bas les armes, répéta le capitaine, s’ils n’ont pas versé de sang.

Il y eut un moment de silence, pendant lequel Trim, se penchant à l’oreille de Sambo, lui dit : « Sauves-toi ; tu as tué, il n’y a pas de pardon pour toi ! »

En ce moment arrivaient les matelots du Zéphyr ; et, à quelque distance en arrière, on entendait retentir la plaine sou» la chute cadencée des pas des milices, qui s’avançaient au pas accéléré.

Sambo, abandonnant sa hache aux mains de Trim, se retourna vers ceux qui l’avaient accompagnés depuis l’Île perdue, et saisissant une carabine il leur cria : « En avant ! suivez-moi. Mourons libres plutôt que de vivre esclaves ! »

Il alluma alors une fusée bleue, qu’il lança dans les airs. C’était le signal aux colonnes qu’il avait