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UNE DE PERDUE

cun des chefs jusqu’au bout de la colonne, les amena sur le champ à une halte. Après avoir donné quelques ordres à voix basse à l’un des chefs, il prit avec lui la première compagnie et se porta en avant, vivement mais sans bruit.

Quand il arriva, il vit un homme qui se défendait vigoureusement contre cinq à six nègres ; un peu plus loin, il en vit un autre qui était prisonnier, et qu’on avait garotlé.

Voici ce qui était survenu :

Pierre de St. Luc, auprès de l’habitation duquel les milices étaient débarquées, voulant faire les honneurs de sa maison aux officiers, les avait invités à un réveillon qu’il fit préparer à la hâte. Tout ce que la cour et la basse cour offraient de ressources fut mis à contribution. Il avait été décidé, comme nous l’avons déjà dit, d’attendre au lendemain pour faire une battue générale dans les bois ; et les officiers, qui ne demandaient pas mieux, se livraient en attendant à la dégustation des vins de l’économe.

Cependant le capitaine Pierre, ayant eu l’occasion de sortir un instant, remarqua que les chiens paraissaient singulièrement agités ; humant l’air, courant dans tous les sens, et faisant entendre un sourd hurlement. D’abord il crut que l’arrivée des milices pouvait avoir causé cette agitation chez les chiens, mais il ne tarda pas à s’apercevoir qu’il y avait autre chose ; les chiens allaient en dehors des cours du côté du bois ; humaient l’air dans cette direction, écoutaient, puis revenaient en courant vers la maison, comme s’ils eussent voulu donner à entendre