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DEUX DE TROUVÉES.

distance des premiers défrichements. Il s’y rendit sans que rien eut retardé sa marche ; mais quand il fut rendu là, il entendit comme un grand bourdonnement que la brise apportait des bords du Mississipi. C’était l’arrivée des milices, qui débarquaient à l’habitation de Pierre de St. Luc.

Au bout d’un quart d’heure, ce bourdonnement s’était peu à peu calmé, mais malgré toute son attention, Sambo ne distinguait plus rien que le murmure ordinaire de l’habitation durant la nuit.

Les milices avaient été casernées dans l’immense sucrerie et autres bâtiments de l’habitation.

Sambo savait que l’alarme avait été donnée, et que les planteurs étaient sur leurs gardes, mais il était loin de se douter du renfort qui venait de leur arriver. Il n’osa pas avancer plus loin, dans la crainte que les chiens ne donnassent l’éveil ; il avait pensé que ce grand bruit n’était que les adieux du soir que les planteurs s’étaient donnés, avant d’aller se reposer pour la nuit de l’alerte de la journée.

11 donna sans bruit l’ordre de retourner au bayou bleu. Mais au moment de partir il entendit des pas vers la direction du chêne vert. Il écouta. Le bruit semblait augmenter. Il fit coucher tous ses gens dans l’herbe. Peu de temps après une troupe, d’une cinquantaine de nègres, passait à quelque distance du grand Sycomore. Ils parlaient à voix basse. Sambo reconnut la voix de quelques-uns des esclaves de l’habitation St. Charles, qu’il savait être initiés à la révolte.

En effet c’était les nègres qui étaient désertés dans la matinée, de l’habitation et qui, après s’être recru-