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UNE DE PERDUE

se rendirent à l’embouchure du bayou bleu, et là attendirent l’arrivée de Sambo, qui, vers les quatre heures du soir, fit son apparition, suivi de tout son monde.

C’était une chose curieuse et en même temps formidable, que de voir tous ces nègres débarquant de leurs pirogues, armés de Bowie knives et de pistolets à leurs ceintures de cuir, et portant gauchement sur leurs épaules de longs mousquets espagnols. Sambo, en apprenant que ceux qu’il avait expédiés la nuit précédente avaient été découverts, entra dans une grande fureur, qu’il sut néanmoins contenir, se promettant bien de les punir sévèrement plus tard de leur désobéissance. Il sentit que cette imprudence de leur part pouvait compromettre le succès de l’entreprise, et il résolut de ne faire aucun mouvement ce soir là, préférant ne commencer son œuvre de vengeance et de désolation qu’après le milieu de la nuit. Il fit immédiatement préparer à souper pour ses gens, après quoi il donna l’ordre de se coucher. Il ne leur fallait pas de grands préparatifs à cet effet, dix minutes après tout le monde dormait.

Vers les dix heures de la nuit, Sambo, après avoir fait placer des sentinelles dans tous les lieux par où il pouvait craindre une surprise, choisit une vingtaine de ses meilleurs hommes et partit avec eux, pour aller voir par lui-même ce qui se passait aux habitations. Quand il fut arrivé à la source du bayou bleu, il laissa dix hommes à la garde des pirogues et après être convenu avec eux de certains signaux, il poussa droit vers un grand Sycomore qui se trouvait sur le bord du hayou-chêne, à peu de