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UNE DE PERDUE

Il fut proposé de faire une battue générale dans les bois en arrière de l’habitation de feu M. Meunier, maintenant la propriété du capitaine Pierre. Mais comme la nuit s’avançait rapidement, on craignit de s’aventurer dans les cyprières où il était si difficile d’éviter de tomber dans les embuscades que les nègres pourraient leur tendre. Il fut résolu qu’on demeurerait sous les armes pendant toute la nuit, plaçant des gardes à chaque plantation, et conservant quelques patrouilles à cheval, dont le devoir serait de parcourir la paroisse d’un bout à l’autre, en suivant autant que possible la lisière des bois.

Aussitôt que la nouvelle fut arrivée à la Nouvelle-Orléans de l’insurrection des nègres sur la rive gauche du fleuve, le gouverneur donna les ordres pour faire partir immédiatement deux compagnies du corps des carabiniers, et trois compagnies du régiment louisianais.

Le capitaine Pierre, informé par un émissaire que lui avait expédié l’économe, de ce qui se passait sur son habitation de la paroisse St. Charles, fit à la hâte ses préparatifs ; il alla choisir cinquante des meilleurs matelots du Zéphyr et s’embarqua avec eux à bord du vapeur, que le gouverneur expédiait avec les milices. Il aurait bien voulu avoir Trim avec lui ; mais comme il n’était pas encore arrivé, il avait laissé l’ordre de le faire partir aussitôt qu’il serait de retour.

Pendant que ce secours se rendait à la paroisse St. Charles, nous profiterons de ce temps pour dire un mot de l’organisation de la révolte.

Elle avait pour chef un nègre du nom de Sambo, frère de Trim, qui, avec deux compagnons, s’était