Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
UNE DE PERDUE


CHAPITRE XXX.

révolte des esclaves.


Il se passait, en effet, à la paroisse St. Charles, des choses qui commençaient à prendre une tournure sérieuse. Les planteurs qui, dans les commencements avaient traité la découverte avec indifférence, ne furent pas longtemps à s’apercevoir, aux proportions menaçantes que prenaient les désertions parmi les nègres, que le danger était grand et imminent.

Deux magasins avaient été enfoncés durant la nuit. Cinquante fusils, plusieurs barils de poudre, une quantité de haches et de faulx avaient été enlevés, la nouvelle s’en répandit avec la rapidité de l’éclair, et l’alarme devint générale.

Pour première mesure de sûreté, les femmes et les enfants furent expédiés à la Nouvelle-Orléans, où des exprès furent envoyés pour demander du secours, pendant que tous les esclaves suspects furent mis aux fers et enfermés dans les sucreries, aux portes desquelles des gardes furent placés.

Une assemblée des habitants de la côte fut immédiatement convoquée, pour délibérer sur ce qu’il y avait à faire, dans les circonstances alarmantes où ils se trouvaient. Il fut décidé de diviser en patrouille de vingt personnes tous ceux qui étaient en état de porter les armes. Toutes ces petites compagnies, organisées à la hâte, devaient agir séparément, mais obéissant néanmoins toutes à un chef commun qui dirigeait les opérations.