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UNE DE PERDUE

rivage, où il n’eut que le temps d’aider Trim à transporter Miss Thornbull sur une rude couche dont il lui avait fait un lit à la hâte, quand Sir Arthur arriva et courut à la jeune fille, que tant d’émotions avait fait évanouir.

La fatigue, le manque de sommeil et les privations qu’elle s’était obstinément imposées l’avaient complètement épuisée. Sa belle tête blonde reposait sur le capot de Tom qui lui en avait fait un oreiller ; ses longs cheveux bouclés, qu’agitait la brise naissante, voltigeaient sur sa figure si pâle qu’éclairait en ce moment la lune qui se levait. Sir Arthur, sur le front duquel se réflétait toute la sollicitude de son cœur, la contemplait avec une paternelle inquiétude mêlée d’une profonde reconnaissance pour la Providence qui lui avait rendu l’enfant que son ami avait confié à sa protection, et que quelques heures de retard lui auraient peut-être enlevée pour toujours !

Lauriot et ses hommes se tenaient debout, à quelque distance, témoignant par leur silence et leur réserve leur respect pour la douleur de Sir Arthur, et leur intérêt pour la jeune fille.

— Je suis inquiet, M. Lauriot, dit Sir Arthur, cet évanouissement n’est pas ordinaire ; qu’en pensez-vous ?

Lauriot fit un pas en avant, prit la main de la jeune fille.

— Elle va revenir, dit-il après quelques instants ; je sens la chaleur du sang qui circule. Si vous me le permettez, nous lui frotterons les tempes avec un peu de whisky.