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UNE DE PERDUE

Pendant que ce que nous venons de raconter se passait sur la baie, Lauriot, entendant les coups de fusils et ayant aussi aperçu cinq à six hommes se jeter dans la pirogue, avait tout naturellement conclu, avec Sir Arthur et ses gens, que Tom et Trim avaient été découverts et que les pirates étaient à leurs poursuites. Afin de ne pas laisser Tom et Trim tomber entre les mains de leurs ennemis, il avait donné l’ordre d’embarquer, et il était allé avec tout le monde au devant de Tom ; mais le silence que Tom et Trim gardaient au commencement de leur fuite et la direction qu’ils avaient d’abord suivie, avait mis lauriot et Sir Arthur dans une cruelle inquiétude, craignant qu’ils eussent été tués tous deux par les trois déchargea qu’avaient faites Cabrera et les siens. Ce ne fut qu’après que Trim eut tiré son coup si fatalement juste, que Lauriot put reconnaître l’endroit où Tom devait se trouver. Il avait aussi vu tomber l’homme dans la pirogue des pirates. Le bruit que fit Trim et les cris de défi et de triomphe qu’il poussait, ne lui laissèrent plus de doute que tout allait bien de ce côté. Quand il eut constaté l’état des choses, il avança doucement au devant des pirates, ayant soin autant que possible de s’écarter du cercle de lumière que la flamme imprudemment allumée par les pirates, formait au loin sur la baie.

Les pirates, qui ne se doutaient nullement de nouveaux ennemis qui avançaient tranquillement sur eux dans une direction opposée, entendant les cris de Trim, firent feu de tous leurs mousquets. Cette fois les balles vinrent ricocher à quelque distance seulement de la pirogue.

— Je te disais bien, Trim, que l’on perdrait du temps, si tu tirais ! vois-tu, ils commencent à gagner.