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DEUX DE TROUVÉES.

Tom, qui connaissait l’adresse de Trim avec sa carabine, lui dit de tirer. Trim ne se Hfit pas prier, et prenant sa longue carabine, il l’arma d’une capsule ; trempa une allumette dans l’eau et après avoir frotté la mire avec le phosphore humide afin de mieux viser, il épaula lentement ; un instant la carabine demeura immobile, puis la gâchette partit, une langue de feu sortit du canon, un coup soc retentit dans l’espace, et la chute d’un homme qui tombait à la renverse dans l’embarcation des pirates, annonçait la fatale justesse de l’œil du nègre, et la longue portée de sa carabine.

— Oh ! oh ! oli ! oh ! cria Trim de toutes ses forces, li l’en voulé ti encore ?

— Non, non, Trim ; nageons, nageons ; il faut gagner vers Sir Arthur maintenant. Ils doivent être inquiets.

Trim mit avec précaution sa carabine à ses côtés, puis reprenant son aviron, il se prit à siffler, lâchant de temps en temps à haute voix des paroles de défi aux pirates, qui, loin de se rebuter, avaient redoublé d’énergie dans leur poursuite, se servant de la crosse de leurs fusils en guise de pagaie.

— Ne crie donc pas si fort, Trim ! tu vas leur faire connaître au juste l’endroit où nous sommes.

— Tant mieux ! moué voulé aussi faisé conné à M. Police y où nous l’été, et aussi pirates pour que li poursuivé.

— Pourquoi veux-tu qu’ils nous poursuivent ?

— Parceque tout à l’heure M. Police va veni et M. l’Anglais itou ; et nous attrapé tous les pirates.

Trim n’avait pas eu tort, comme nous allons le voir.