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UNE DE PERDUE

çut bientôt de la différence, il donna l’ordre de tirer. Trim qui suivait de l’œil tous les mouvements de Cabrera, n’eut que le temps de se baisser, mouvement que Tom ne fut pas lent à imiter. Les balles sifflèrent autour de la pirogue, et l’une d’elles vint frapper dans la pine du canot, ; quelques pouces seulement de la tête de Trim.

— Oh ! cria Trim, nageons avant que li chargé encore !

Et tous deux penchés sur les avirons, qui pliaient sous leurs efforts, ils firent voler leur pirogue qui semblait glisser sur l’onde salée.

Une nouvelle décharge suivit bientôt la première.

— Encore un coup de cœur, Trim, et nous serons bientôt hors de leur portée ! as-tu remarqué que les balles sont venues mourir à une dizaine de pieds de nous.

— En avant ! répondit Trim en redoublant d’efforts.

Une troisième décharge ne se fit pas attendre ; mais cette fois la distance était trop grande pour qu’il y eut aucun danger. Ils nagèrent encore quelques minutes avec la même vigueur ; puis, Trim, s’arrêtant tout à coup, mit son aviron dans la pirogue et dit à Tom de ne plus nager.

— Que veux-tu donc faire ?

— Tiens, dit Trim, en lui montrant la balle qu’il venait d’extraire de la pince, où elle s’était enfoncée, voyé-ti c’te grosse la balle ? leur fusil pas capable pour porter si loin, mais moué sùr mon la carabine porter bien avec son piti la balle !

— On n’a pas de temps à perdre, nage, nage, Trim.

— Ah ! Tom, un piti coup, moué voulé salé y inque un ; voyé comme li été bon, juste devant la lumière.