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DEUX DE TROUVÉES.

avaient mis hors de la portée du coup de pistolet que Cabrera déchargea de désespoir. Au même instant cinq à six coups de mousquets furent tirés par les pirates, qui n’avaient pas tardé à accourir près de leur chef.

Cabrera et trois à quatre hommes coururent se jeter dans la pirogue qui l’avait amené, et commencèrent une chasse acharnée. Trim, tout en nageant de toutes ses forces, n’avait pas perdu Cabrera de vue, et il l’avait reconnu aisément, grâce à la clarté qui régnait à la pointe où il s’embarquait, et put le voir prendre son poste à l’arrière de la pirogue. D’abord Trim craignit que l’embarcation des pirates montée par un plus grand nombre de nageurs, ne gagnât peu à peu la leur ; c’est pourquoi il fit signe à Tom de gagner vers l’enfoncement oriental de la baie, mais il ne tarda pas à s’apercevoir que leur pirogue, au lieu de perdre, gagnait rapidement sur celle des pirates.

Ceux qui étaient restés à terre, n’avaient cessé de faire feu, tant qu’ils purent entrevoir sur les eaux la légère embarcation, au fond de laquelle était demeurée couchée mademoiselle Thornbull ; mais aussitôt que la pirogue se fut confondue avec les nuages dans la distance et les ombres de la nuit, ils craignirent de tirer, de peur de frapper leurs compagnons.

La raison pour laquelle les pirates ne faisaient pas autant de progrès que Tom et Trim, était que ces derniers étaient plus vigoureux et plus habiles, et en outre que la pirogue des pirates, ne contenant que deux avirons, se trouvait plus chargée et par conséquent plus lourde à manœuvrer. Cabrera s’aper-