Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
DEUX DE TROUVÉES.

— Dépêches-toi.

Trim débarqua sans bruit, et se traînant sur le ventre comme une couleuvre dans les herbes, il s’avança jusqu’à une dizaine de pieds de l’endroit où il avait remarqué que Cabrera s’arrêtait si souvent, il reconnut Miss Thornbull assise au pied d’un arbre, le dos de son côté. Le cœur de ce pauvre Trim lui battit violemment dans la poitrine ; il aurait voulu pouvoir se faire reconnaître de la jeune fille, dont la tête penchée sur la poitrine annonçait le profond abattement. Comment faire ? Il osait à peine avancer, craignant que le moindre bruit ne l’effrayât ; il avait peur que s’il réussissait à se faire reconnaître la surprise ne lui fit pousser un cri, qui aurait amené sur lui toute la bande des pirates. L’agitation de Trim était si grande, qu’il était obligé de se mettre la main sur le cœur comme s’il eut pu en modérer les pulsations. Tous ses membres tremblaient sous l’extrême agitation nerveuse qui le dominait. Il était décidé à ne pas partir sans avoir parlé à MissThornbull ; et il resta plus de cinq minutes dans la même position sans remuer ; enfin ayant réussi à surmonter son émotion, il leva encore une fois la tête entre les hautes herbes, et il vit la plupart des pirates dormant autour du feu.

Il eut un instant l’idée d’enlever sans plus de cérémonie Miss Thornbnll, et de l’emporter ainsi à la pirogue ; mais ce projet était si dangereux, étant certain que la jeune fille aurait lâché un cri d’effroi en se sentant saisir, qu’il y renonça presqu’aussitôt. Alors il se décida à avancer jusqu’auprès d’elle ; et afin de pouvoir se trouver hors du chemin de Cabrera s’il entendait du bruit, il fit un détour pour s’ap-