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UNE DE PERDUE

— Cabrera !

— Es-tu sûr ? demanda Tom, en s’avançant sur les mains au fond de la pirogue jusqu’auprès de Trim.

— Sûr ! moué croyé mamselle Sara contre c’ti l’arbre.

— Moi aussi. Allons-nous-en maintenant.

Cabrera alluma un cigare, et s’étendit devant le feu, de manière à tourner le dos à Tom.

— Non, moué envi tiré un coup de carabine dans son la tête Cabrera.

— Ne vas pas !

— Moué sûr tuyé li.

— Ne fais pas un coup pareil ; si tu tuais Cabrera, peut-être que ces moustres massacreraient mademoiselle Sara !

— Tu lavé raison.

Tout en conversant ainsi, leur pirogue s’était tellement rapprochée de la rive, qu’elle frotta sur le sable, avant qu’ils s’en fussent aperçus, tant ils étaient absorbés par ce qu’ils voyaient sur la pointe. Comme la mer était calme et étale, la pirogue ne fit aucun bruit en touchant le rivage.

— Moué l’avé envi d’aller à terre, dit Trim, pour voyé y où l’été mamselle Sara.

— N’y vas pas, tu te feras prendre.

— Craigni pas ; moué coulé comme serpent dans l’zerbes.

— Prends garde à toi.

— Craigni pas. Si toué voyé moué eouri à côté pour vini, toué siflé pour montré où li l’été.

— Oui.

— Pit-être moué revini tout suite, pit-être non.