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DEUX DE TROUVÉES.

viandes froides, n’osant pas faire de feu, de crainte que la fumée n’attirât l’attention des pirates. Ils convinrent aussi d’attendre que la plupart se fut livrée au sommeil, afin de les prendre à l’improviste, de se saisir de la jeune fille et de l’enlever avant qu’ils eussent eu le temps de faire aucune résistance organisée, remplissant par là le principal but de l’expédition, sans s’exposer aux dangers d’une défaite.

Ce plan, quoique généralement adopté comme étant le meilleur, ne satisfaisait pas l’impatience de Sir Arthur, qui voulait tout risquer ou périr, plutôt que de laisser un seul instant de plus Miss Thornbull au pouvoir de ces scélérats.

Quand la nuit fut entièrement tombée, la plus grande obscurité enveloppait la Grande lie.

Sir Arthur et Lauriot conversaient avec animation, les hommes s’étaient divisés par groupes ; Tom était venu s’asseoir auprès de Trim.

Après un assez long silence, Trim, se tournant vers Tom, lui dit à demie voix :

— Moué envie d’aller à l’ile pour voyé qué li faisé là-bas. Voulé ti vini ?

— Je ne demande pas mieux, mais il faut prévenir Lauriot.

— C’est bon ; allons parlé à li.

Ils communiquèrent ce projet à Lauriot et à Sir Arthur qui l’approuvèrent. Sir Arthur voulait les accompagner, mais Lauriot, qui craignait quelqu’imprudence de sa part, lui fit observer qu’il valait bien mieux qu’il se tint prêt à se mettre à la tête des gens de sa pirogue, au cas où il serait nécessaire de pousser au large.