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DEUX DE TROUVÉES.

dues, celui-ci voulut encore insister pour que M. Thombull restât passer quelque temps à Pirarelia.

— Je ne voulais pas encore vous dire la raison qui me force à me rendre sans retard à Skama ; mais afin que vous n’ayez plus de raison d’insister, je dois vous annoncer que ma fille est au couvent de la Rédemption ; elle doit prononcer ses vœux demain matin à huit heures. À sept heures ce soir, avec les portes du couvent, se ferment aussi les portes du monde pour mon enfant. Il ne sera plus permis à aucune personne du dehors de lui parler, les règles sont strictes à cet égard. Je sais que je n’y arriverai pas à temps ce soir, mais j’espère que demain matin on laissera un père voir son enfant pour une dernière fois. Vous pouvez donner ces explications à M. de St. Luc.

Le voyageur espagnol, qui avait entendu ce que venait de dire M. Thornbull, tressaillit vivement ; il regarda à sa montre, sauta lestement à terre, et s’approchant du postillon qui faisait boire ses chevaux, il lui demanda s’il devait conduire la diligence jusqu’à Skama.

— Oui, répondit ce dernier, en regardant d’un air étonné ce silencieux voyageur qui parlait avec animation.

— À quelle heure pouvez-vous y arriver ?

— Pas avant le milieu de la nuit prochaine ; les côtes sont longues et fatigantes.

— Quelle est la distance ?

— Quinze bonnes lieues.

— Combien de relais d’ici là ?

— Deux sans compter celui-ci.