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DEUX DE TROUVÉES.

de la lumière et le réveil de la nature sortant rafraîchie de son bain de rosée, dont elle secoue les perles aux premiers rayons du soleil.

— C’est beau, n’est-ce pas ? dit le postillon à son voisin.

Celui-ci ne répondit que par un signe de tête, absorbé qu’il paraissait être dans la contemplation de l’immense panorama qui se déroulait graduellement à ses yeux. Le spectacle qui s’offrait à sa vue n’était pourtant pas ce qui l’occupait exclusivement ; deux fois il avait tressailli, en entendant quelques mots de la conversation des deux voyageurs anglais.

— Qui aurait dit, Sir Arthur, que nous nous rencontrerions dans les montagnes du Tyrol, quand nous nous sommes quittés, il y a cinq ans, à Matance ? Vous, vous partiez à bord du Zéphyr, avec le capitaine de St. Luc ; et moi, hélas ! je restais à mon poste où les devoirs du consulat me retenaient. J’ai été bien éprouvé, et de bien cuisants chagrins ont fait blanchir ma vieille tête. Ah ! Sir Arthur, si vous saviez tout ce que j’ai éprouvé d’angoisses ! Mais n’en parlons plus. Vous avez été bien heureux, vous, d’avoir marié votre fille à M. de St. Luc. J’ai appris qu’il était millionnaire et l’un des hommes les plus charmants que l’on puisse voir, comme me disait ma pauvre Sara,

— Oui, mon cher M. Thornbull.

À ce nom de Thornbull, l’Espagnol tressaillit et prêta plus d’attention.

— Oui, continua-t-il, je suis bien heureux en effet ; et depuis deux ans que ma chère Clarisse est mariée, elle n’a éprouvé que des jours de bonheur. M. de St. Luc l’aime comme aux premiers jours ; et la nais-