Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
DEUX DE TROUVÉES.

brera avait pris dans ses bras l’infortunée Sara, et quand ils arrivèrent chez le père Laté il la déposa sur un lit, où il fallut la frotter avec de l’eau de vie pour la rappeler de son évanouissement.

Elle eut beau se jeter à genoux, elle eut beau pleurer, il fallut qu’elle embarquât dans une des pirogues, où Cabrera et Phaneuf la conduisirent de force. — Durant le trajet, elle fit plusieurs tentatives pour se jeter à l’eau ; la surveillance qu’ils eurent à exercer pour l’empêcher d’accomplir son sinistre dessein, retarda beaucoup leur célérité, de manière qu’ils n’arrivèrent à la Grande Ile qu’une couple d’heures avant la rencontre de Lauriot avec les jeunes gens.

Lauriot, ayant communiqué à Tom ce qu’ils venaient d’apprendre, ils avancèrent avec précaution jusqu’au coude que faisait le bayou, quelques arpents plus loin ; à cet endroit le bayou s’élargissait subitement, et s’ouvrait en éventail, laissant voir, à trois milles au large, l’Ile sur laquelle étaient rassemblés les pirates. Une talle de mangliers à l’abri desquels ils débarquèrent, les cachait à la vue de ceux qui étaient sur l’ile, tandis qu’ils pouvaient les apercevoir, et veiller surtout les mouvements de la chaloupe, qui était tirée sur le rivage en dehors de la pointe de l’Ile. La pirogue dans laquelle Cabrera et Phaneuf s’étaient rendus, était en dedans de la pointe, du côté de la baie.

Après avoir discuté quelque temps sur ce qu’ils devaient faire, les opinions se trouvèrent à peu près divisées. Sir Arthur voulait aller les attaquer immédiatement, Tom et une partie de ses gens de police était du même avis. Lauriot était d’opinion qu’il va-