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DEUX DE TROUVÉES.

épilogue.


Par une chaude nuit du mois de juillet 1842, trois voyageurs étaient assis dans une de ces voitures, à deux sièges, qui font le service des diligences dans les montagnes du Tyrol.

Le siège de derrière, était occupé par deux personnes, qu’à leurs costumes et leurs manières on reconnaissait pour deux Anglais. L’un était un, homme d’une cinquantaine d’années, grand, grave, aux attraits distingués. Son compagnon, qui semblait à peu près du même âge, était petit, gros, gras ; avec le visage rouge, joufflu, jovial, malgré une certaine teinte de tristesse dans son regard. Le troisième voyageur, assis sur le siège de devant à côté du postillon, paraissait avoir une trentaine d’années. Son teint bruni, son œil noir, la coupe cantabrinne de son visage, tout annonçait le sang espagnol. Son front soucieux, traversé de rides précoces ; comme si des chagrins ou des remords les avaient creusées avant le temps, lui donnait un air de mélancolie qui contrastait étrangement avec la fierté de son regard et le feu de ses prunelles. Il était silencieux et pensif, écoutant les mille bruits confus, indéfinissables de la vie universelle, au moment où elle se réveille dans l’immensité des solitudes des montagnes du Tyrol, au flanc desquelles circulait la route que suivait la diligence, à quelques lieues en deçà de Pirarelia, où l’on espérait arriver avant les grandes chaleurs de la journée.

Le jour n’était pas levé, mais il ne devait pas tarder à paraître bientôt. L’atmosphère, qui avait été