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DEUX DE TROUVÉES.

peut-être morte ! Son cœur était oppressé. Comment se faire reconnaître sans causer une fatale émotion ? Pourrait-il se contenir et garder son sang-froid au milieu de la scène qu’il pressentait ? Pourrait-il ne pas tomber à genoux en pleurs au pied du lit de sa mère ? St. Luc avait une âme fortement trempée ; il essuya une larme, et se fit un violent effort en entrant dans la maison.

Le salon était vide ; deux bougies étaient sur la table. Il se sentit soulagé de ne rencontrer personne d’abord, et marcha pour se donner une contenance.

Bientôt Henriette et Miss Clarisse entrèrent dans le salon. Elles avaient toutes deux l’air embarrassé. St. Luc leur tendit la main, toussa, se moucha, puis prit un siège.

— Il fait très-froid ce soir, dit-il après un instant de silence.

— Oui, répondirent à la fois Henriette et Clarisse.

Pauvre St. Luc il ne s’était pas aperçu du temps ni de la pluie dont son manteau était imbibé.

Après un long silence, que personne n’osait interrompre, Henriette reprit :

— Avez-vous reçu la lettre que je vous ai adressée à Montréal ?

— Oui ; c’est pour cela que je suis venu. Comment est ma… madame de St. Dizier ?

— Mal, bien mal ; elle ne passera pas la nuit, craignons-nous.

— Puis-je voir mesdemoiselles Asile et Hermine ? dit-il en se levant et marchant pour cacher son émotion.

On entendit les clochettes-d’une voiture qui s’arrêtait à la porte, et bientôt le médecin entra. C’était