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UNE DE PERDUE

main de sa mère et contemplait dans une muette douleur sa figure amaigrie. Henriette, qui regardait, était inquiète de l’état de fixité du regard de la jeune fille. Tout à coup un tressaillement de la malade vint rappeler Asile à la réalité de la situation. Les lèvres de la mourante s’agitèrent, puis avec un grand effort elle dit : « Il arrive… il vient… mon fils… ton frère. » Elle pressa la main d’Asile, jeta sur elle son regard presqu’éteint et retomba dans cet état de somnolence léthargique dont tous les remèdes n’avaient pu la tirer. Elle ne paraissait pas souffrir ; le médecin avait dit qu’elle passerait de ce sommeil dans celui de la mort sans effort.

En ce moment, on attendit frapper au marteau, et bientôt après Florence apporta une note à Asile.

— On attend la réponse, dit Florence.

Asile s’approcha de la lampe, ouvrit la note et lut :

« Mademoiselle,

« J’arrive de Montréal. Comment est votre mère ? Faites-moi dire quand vous pourrez me recevoir.

« Votre dévoué,
« St. Luc. »

La main d’Asile tremblait trop pour répondre ; elle pria Henriette de le faire pour elle. St. Luc, qui avait marché jour et nuit, écrivit cette note en arrivant ; en attendant la réponse, il changea ses habits de voyage et prit à la hâte un léger souper. Aussitôt qu’il eut reçu la réponse à sa note, il partit en sleigh pour la demeure de sa mère, qu’il avait tant cherchée, et qu’il trouverait