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UNE DE PERDUE

Ces conversations intimes, ces bonheurs de jeune fille dont le cœur commence à s’épanouir aux premiers rayons d’un amour naissant, avaient cessé depuis que madame de St. Dizier était tombée malade. L’arrivée de leur cousine Henriette, qui leur raconta les dangers qu’avait courus son frère à Montréal, et les services que lui avait rendus M. de St. Luc, ranima pendant quelques jours le plaisir qu’elles avaient de parler de lui. Miss Clarisse raconta pour la dixième fois sa conduite et sa bravoure lors de l’attaque des pirates ; Asile redit la manière dont il lui avait sauvé la vie ; Henriette, moins enthousiaste peut-être, mais non moins reconnaissante pour ce que St. Luc avait fait pour elle, se plaisait à répéter à ses jeunes amies ce qu’elle n’aurait pas osé dire à St. Luc après les déclarations et les aveux qu’il lui avait faits.

Mais l’aggravation de la maladie de madame de St Dizier avait fait cesser toutes ces intimes confidences, toutes ces innocentes causeries. Les joies et les plaisirs étaient disparus de cette maison qu’envahissaient la mort et ses sombres réflexions. Un spectacle douloureux et navrant avait remplacé le tableau du bonheur domestique. Un avenir plein de tristesse, d’inquiétude et de privations s’ouvrait pour les jeunes orphelines, qui, sans avoir mené une vie opulente, avaient joui du comfort d’une honnête aisance.

La sympathie des amies de madame de St. Dizier n’avait pas manqué à ses enfants : des offres d’aide et de protection leur avaient ôté faites de bonne volonté et de grand cœur.

Les deux sœurs n’avaient pas voulu entendre par-