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UNE DE PERDUE

fils comme protecteur de ses sœurs, ces deux anges dans lesquels elle avait concentré toutes ses affections comme toute sa sollicitude.

Asile et Hermine ignoraient qu’elles eussent jamais eu un frère ; elles ignoraient même que M. Rivan de St. Dizier ne fût pas leur père. Elles avaient toujours été appelées mademoiselle de St. Dizier ; lui-même n’avait pas cru devoir leur en parler.

Cependant, ce qui venait d’arriver rendait nécessaire que madame de St. Dizier leur apprit la vérité.

Toutes les émotions qu’elle avait éprouvées, les efforts qu’elle avait faits pour confier tous ces secrets de famille à ses enfants, avaient épuisé ses forces. Dans le cours de l’après-midi, elle tomba dans une espèce de somnolence léthargique qui durait depuis deux jours. Quelquefois elle semblait se réveiller, soulevait ses mains amaigries et demandait si son fils était arrivé, puis elle retombait dans le même état.

Elle était bien triste cette maison que nous avons vue si joyeuse la dernière fois que nous y avons conduit nos lecteurs.

Asile, ou Asile Rivan, comme l’appelait souvent sa sœur Hermine, était pâle et plus intéressante encore sous cette pâleur même. Il y avait tant de dignité et de résignation dans son beau visage, que Miss Clarisse Gosford ne pouvait s’empêcher de la contempler avec admiration.

Depuis la maladie de madame de St. Dizier, Miss Clarisse venait tous les jours tenir compagnie aux demoiselles St. Dizier ; elle s’était éprise d’n une affection vraie et sincère pour Asile, qui en était touchée. Avec son tact de jeune fille, elle avait bien remarqué que Miss Clarisse aimait M. de St. Luc ; elle s’était