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DEUX DE TROUVÉES.

qu’est-ce qui vous fait croire que ce sont des forbans ?

— D’abord, voici : Nous étions sur la Grande Ile nous-mêmes ce matin ; il y avait quatre à cinq de ces hommes campés au bout de l’Ile. Vers deux heures cette après midi, il est arrivé une pirogue, du fond de la haie, dans laquelle il y avait deux hommes et une femme…

— Une jeune fille ? s’écria Sir Arthur.

— Je ne sais, continua le jeune homme, mais toujours est-il qu’elle avait l’air bien triste ! Elle pleurait, et elle refusa absolument de manger. Mais, pour revenir à nos gens, aussitôt qu’ils furent débarqués et qu’ils eurent échangé des poignées de mains avec ceux qui étaient terre, ceux-ci hissèrent un pavillon blanc, au-dessus de leur cabane. C’était un signal à un navire qui louvoyait dans le large. Peu de temps après, on distingua une chaloupe pleine d’hommes qui venait à terre ; elle était partie du navire, qui ne tarda pas à déferler toutes ses voiles les unes après les autres et à gagner vers la pleine mer. Savez-vous ce qui le faisait déguerpir ainsi ?

— Non, non, répondirent plusieurs à la fois, excités qu’ils étaient tous par le récit du jeune homme.

— Eh bien ! nous ne le savions pas non plus ; mais bientôt nous eûmes le mot de l’énigme dans l’apparition subite, au détour de la pointe pelée, d’un cutter américain.

— Un cutter ?

— Oui ! qui se mit de suite à ses trousses ! c’est ce qui nous a décidés à plier bagage, et à partir tam-