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DEUX DE TROUVÉES.

bec ou s’il devait chercher à découvrir son rival, le provoquer en duel et le tuer. Mais bientôt il rejetait ces moyens comme impraticables et absurdes.

Après avoir passé la plus grande partie de l’après-midi dans sa chambre, n’ayant pas voulu manger au repas du midi, il finit par faire ce raisonnement dont personne ne niera la sagesse : « à des maux sans remède, il n’en faut pas chercher. »

— Non, continua-t-il en se parlant à lui-même, elle ne m’aime pas ; c’est clair ; si elle m’eut aimé, elle aurait bien pu trouver des raisons pour rompre avec son amant. Allons, St. Luc, mon ami St. Luc, il ne faut pas se désoler ; cette jeune fille est bien belle, bien aimable ; elle est sensible, elle a un cœur généreux ; mais ce cœur il appartient à un autre, elle l’a donné et elle ne veut pas mentir à sa parole. Elle a raison, oublie tout cela ; demain ce sera de l’histoire ancienne.

Il sortit se promener dans la rue Notre-Dame, pour rafraîchir ses pensées.

Il rentra à l’hôtel beaucoup plus calme, et presque résigné ; il répondit même en riant à Trim, qui venait le prévenir qu’il était presque temps de se rendre au dîner, que donnait le colonel Whetherall, auquel St. Luc avait promis d’assister.

À sept heures précises, de St. Luc entrait chez le colonel. Plusieurs officiers et quelques citoyens avaient été invités ; la plupart se trouvaient déjà réunis dans le salon, et conversaient par groupes. Les dîners du colonel ne brillaient pas par la somptuosité, mais il savait si bien faire les honneurs de sa table, que l’on pardonnait volontiers à l’absence du luxe que remplaçaient la franche gaieté, le bon vin