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UNE DE PERDUE

qu’il fut obligé de la relire deux fois avant de bien la comprendre. Cependant elle était bien simple ; s’il ne la comprit pas d’abord, c’est qu’elle brisait si brusquement et si cruellement toutes ses espérances de bonheur et ses illusions d’amour, qu’il ne pouvait y croire. Elle ne contenait que quelques lignes.

« M. de St. Luc,

« Après tout ce que vous avez fait pour mon frère et moi, j’aurais voulu avoir avec vous une explication franche et entière ; mais une lettre de ma cousine Hermine qui me demande immédiatement à Québec, auprès de ma tante de St. Dizier qui est dangereusement malade, me force à partir sans retard. Peut-être est-il mieux qu’il en soit ainsi, et que vous ne me voyiez pas.

« La situation dangereuse dans laquelle se trouvait mon frère, avait tellement exalté mes esprits que je n’ai pas apprécié justement la portée de ce que vous m’avez dit. J’aurais dû vous répondre de manière à vous ôter tout espoir, dès la première fois que vous m’avez exprimé vos sentiments.

« Je ne suis pas libre, et ne puis vous offrir un cœur qui appartient à un autre ; croyez que j’aurai toujours pour vous les sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.

« Henriette D… »

La lecture de cette note plongea. St. Luc dans un état difficile à décrire. Par moment il se sentait accablé de tristesse, il demeurait morne, puis tout à coup il s’exaltait, se levait et marchait à grands pas, indécis s’il devait partir immédiatement pour Qué-