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DEUX DE TROUVÉES.

rajuster un des traits. Un homme en capot d’étoffe grise, une luque de laine sur la tête, était accouru, d’une maison en face, prêter secours. Le trait fut bientôt réparé, et le cheval partit avec rapidité. Ce contretemps n’avait pas été long, et cependant les deux cavaliers arrivaient, bride abattue. C’était un effort désespéré, pour atteindre ceux qui un instant auparavant semblaient devoir leur échapper.

Mais juste au moment où les cavaliers allaient dépasser la maison, devant laquelle s’était arrêtée la voiture, trois traînes chargées de bois sortirent à la suite les unes des autres de la cour, et barrèrent le chemin.

— C’est bien fait, cria le charretier, c’est juste comme ont fait les charges de foin. Les cavaliers peuvent bien abandonner la poursuite maintenant. Voyez-vous la voiture, comme elle file ; elle n’a pas moins d’une vingtaine d’arpents en avant.

Les cavaliers crurent qu’il était inutile de faire une nouvelle tentative ; leur monture était sur les dents. Aussi tournèrent-ils bride, et revinrent au pas.

St. Luc, convaincu dorénavant que le frère d’Henriette était hors de danger d’être pris, continua sa promenade autour de la montagne.

Il était près de midi, quand il arriva à l’hôtel. Le garçon du comptoir lui remit une note à son adresse, qu’on avait apportée durant son absence.

À l’odeur parfumée de l’enveloppe, et à l’écriture fine et élégante de l’adresse, il reconnut une main de femme. Il monta à sa chambre, et ouvrit la note. Elle était bien d’Henriette, comme il l’avait pensé ; mais il s’attendait si peu à ce qu’elle lui annonçait,