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UNE DE PERDUE

val dans son temps, et même encore ; mais c’est si fatigué, ce pauvre animal ! Tous les jours attelé, du matin au soir. Tenez, vous ne le croiriez pas, il n’a pas mangé depuis hier soir ; depuis ce matin, c’est la seconde fois qu’il monte cette côte.

— Comment cela ?

— Je revenais ce matin, avant le jour, de St. Laurent, où j’avais été conduire deux messieurs, quand j’ai pris à la barrière un volontaire que j’ai mené aux casernes ; de là je l’ai ramené à la barrière, et je retournais à la maison pour mettre mon cheval à l’écurie lorsque vous m’avez engagé.

— Savez-vous ce que le volontaire allait faire aux casernes ?

— C’était pour donner l’alarme.

— L’alarme ? Quelle alarme ?

— Comment, vous ne savez pas ? mais il paraît que les patriotes sont cachés dans la montagne. Dans la nuit on a vu des signaux allumés à la tête d’un arbre ; c’était un paquet d’écorces de cèdre, ou une botte de paille qu’on y faisait brûler.

St. Luc n’osa faire d’autres questions, quoiqu’il fût dans une grande inquiétude. Il espérait que celui qu’il avait vu monté sur son cheval, quelque temps auparavant, aurait averti les patriotes de ce qui se passait dans la ville, pourvu qu’il n’eut pas été arrêté à la barrière. Il fut bientôt soulagé néanmoins de cette dernière crainte, quand en arrivant à cette barrière, il n’aperçut pas son cheval. Il ne fut pas inquiété non plus et passa, sans qu’on fit aucune question, les volontaires reconnaissant probablement le charretier, qui leur souhaita le bonjour d’un air de connaissance.