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UNE DE PERDUE

— Holà ! mes amis, cria l’un d’eux, d’un ton jovial, prenez donc garde ; on dirait que vous voulez nous prendre à l’abordage. Est-ce que par hasard nous aurions l’air de pirates d’eau douce ?

— Non, pas tout à fait, messieurs, répondit Lauriot en riant ; mais nous voudrions savoir si nous avons encore loin pour arriver à la baie Barataria, et combien de lieues de là à la Grande Ile ?

— La baie ? mais vous l’avez laissée à votre gauche, il y a longtemps. Quant à la Grande Ile vous arrivez ; avancez encore sept à huit arpents, et, quand vous aurez détourné la pointe où vous nous avez vuslà-bas, vous aurez droit devant vous la Grande Ile, à trois milles au large.

— Quoi ! si près, s’écria Lauriot.

— Mais oui ! est-ce que vous ne connaissiez pas la route ? et où allez-vous donc, si la question n’est pas indiscrète ?

— À la Grande Ile.

— Dans ce cas, adieu, et bonne santé ! nous aimons mieux que vous y alliez que nous.

— Comment ça ? demanda Sir Arthur.

— Parceque voyez-vous, monsieur, répondit le jeune homme, il y a là une quinzaine de personnes, dont la société n’aurait pour nous aucun attrait pour le quart-d’heure.

— Que voulez-vous dire ? reprit Lauriot.

— Ce qu’on veut dire, c’est qu’ils nous ont tous l’air de véritables forbans ; armés jusqu’aux dents, et faisant entendre des jurements qui feraient peur au diable lui-même, s’il ne les avait inventés.

— Vous nous surprenez, vraiment ! mais encore