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UNE DE PERDUE

Barsalou et Chénier échangèrent un signe rapide. — J’ai vu, continua-t-il, une lueur au pont Lachapelle ; cette lueur s’est agrandie, a brillé, s’est éteinte. C’est W. S… qui est arrivé avec son monde et s’est emparé du pont. De ce côté là tout est bien. Ils savent que nous avons connaissance de leur arrivée ; j’ai fait le signal. Voilà pour O, l’ouest.

— C’est bien, lui dit Chénier, continue.

— J’ai vu la ville enveloppée dans un manteau de fumée blanche, qui plane au-dessus des maisons, et la cache presqu’entièrement. J’ai entendu un bruit sourd, comme les vagues du lac, qui montait jusqu’à moi. Je n’ai pu distinguer ce que c’était, d’abord. Peu à peu cette immense nuage blanc, qui surplombait la ville, s’est empourpré vers le sud, et j’ai cru entendre le tocsin. C’était une incendie. La ville brûle encore. Voilà pour E, l’est.

— Et au Nord ? demanda Chénier.

— Au nord je n’ai rien vu ; pas de Sone, du Nord, tout est tranquille de ce côté là.

— Tu as bien rempli ton quart, Maxime ; prends un verre de whisky, tu dois avoir froid ; et couches-toi, tu dois être fatigué.

— Quel est ce mot là, Sone ? demanda le Dr. G à Chénier.

— C’est un mot, que nous employons dans le Nord, qui signifie nouvelle, mais que j’aime mieux ; parcequ’il est plus expressif dans sa prononciation et jusque dans son épellation.

— En effet, chaque lettre du mot désigne un des points cardinaux.

— Ce n’est pas mal : et je vote pour que nous l’adoptions.