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UNE DE PERDUE

— Attendons-le, ici, derrière cette pile de planches ; si nous nous montrons il se sauvera, et donnera l’alarme aux autres. Il faudra le bâillonner, pour qu’il ne crie pas.

— Chut ! le voici ; écoutez, il parle à quelqu’un.* M. Édouard ne parlait à personne, mais il jurait à voix basse que les Daubreville le lui paieraient. Les os lui faisaient mal, il marchait comme s’il eut été sur des charbons, ne s’attendant certainement pas à tomber entre les mains des hommes de police qui le saisirent, le bâillonnèrent, et lui jetèrent pardessus la tête les basques de sa redingote, qu’ils lui attachèrent ensuite autour du col, au risque de l’étouffer. Deux hommes de police le prirent par le bras, chacun d’un côté et le conduisirent à la station, au milieu des huées d’une foule, devenant de plus en plus considérable à mesure qu’il approchait de la station. Le bruit s’était répandu qu’un des chefs rebelles était pris ; et malgré les efforts des quatre hommes de police qui cherchaient à le protéger, plusieurs lui donnaient des coups dans les côtes avec le bout de leurs cannes.

Enfin il arriva à la Station où il espérait être mis en liberté, aussitôt qu’il serait reconnu ; mais malheureusement pour lui, que le volontaire, son ami, qui ne l’avait pas reconnu lors de son arrestation, pour la bonne raison qu’aussitôt arrivé au clos de bois il s’était confortablement assis dans la neige, le dos accoté à une pile de planches, où il s’était endormi, n’était pas là pour l’identifier. Le chef de la station n’était pas là, non plus ; et ceux qui s’y trouvaient n’osaient prendre sur eux de le relâcher, quoiqu’ils s’aperçussent bien qu’il ne devait pas être un