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UNE DE PERDUE

En ouvrant la porte du grenier, ils entendirent la même voix caverneuse qui s’accompagnait, cette fois, de coups donnés avec la jointure des mains dans l’intérieur de la tonne afin d’attirer l’attention des visiteurs.

La sonorité de la tonne rendait effectivement les sons très effrayants dans la nuit et dans ce lieu où personne n’avait l’habitude d’entrer.

— Qui diable ce peut-il être ? dit l’un des Daubreville.

— Je suis pris, je suis pris ! criait M. Édouard en frappant toujours sur la tonne.

— Il est derrière ce tas de barils, dit le second des Daubreville.

Après avoir regardé derrière le tas de barils et de boites, qui étaient dans un coin du grenier d’où partait la voix, qui, à leurs oreilles, paraissait être rendue sépulcrale dans le dessein de les effrayer, ils arrivèrent à la tonne.

— Il est dessous, dit celui qui portait la lanterne qu’il donna à l’engagé prenant en échange le seau d’eau ; renverse la tonne.

Au moment où M. Édouard sortait, la tête la première, il lui jeta son seau d’eau. Celui-ci s’affaissa en poussant un hurlement effroyable et en demandant grâce.

— Oui ; attends un peu dit Daubreville ; puis le saisissant par le collet il le tira de dessous la tonne et commença à lui administrer une rude volée de coups de canne. Ah ! tu as voulu faire le revenant ! tu n’y reviendras plus, hein !

— Je vous en prie, criait le malheureux, ne me massacrez pas ; je ne faisais pas le revenant.