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UNE DE PERDUE

la clôture qui divisait le terrain vacant du clos de bois, si elle est à terre c’est que nous serons dans le grenier ; et si elle est mâtée de ce côté-ci de la clôture, c’est que nous serons cachés derrière quelqu’une des piles de planche du clos ; si au contraire elle est mâtée de ce côté-lâ de la clôture, c’est qu’il y a du danger et que nous nous sommes sauvés.

— Et si vous vous êtes sauvés, où vous trouverai-je ?

— Dans la petite rue derrière l’église des Récollets : pourrais-tu nous procurer un sleigh avec un bon cheval ; pauvre Henriette, il faudra que tu le mènes toi-même, car nous ne pouvons nous fier à personne.

— Je le mènerai — silence ! j’entends marcher. Je me sauve.

En effet un homme, en redingote grise, une canne à la main, s’avançait lentement, jetant, de temps en temps, un coup d’œil en arrière et sondant avec sa canne dans les interstices des piles de planches. Il était seul. Tout à coup, en arrivant au bout d’une des allées, formées par ces piles de planches dont le clos était couvert, il fut saisi et jeté à terre avant qu’il eut le temps de lâcher un cri ou de faire la moindre résistance. Son casque lui fut rabattu sur les yeux, et ses mains attachées derrière le dos avec sa cravate. L’attaque avait été si soudaine, qu’il ne put savoir s’il avait eu affaire à deux ou à un plus grand nombre de personnes.

— Si tu ne fais pas de résistance et si tu ne cherches pas à t’échapper, lui dit-on, il ne te sera pas fait de mal ; sinon, prends garde.

— Je ne suis pas venu pouv vous pvendve, dit-il d’un ton piteux.