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UNE DE PERDUE

moué va gelé, mais sé ben moué y va l’allée avec mon piti maître.

Trim, tout en tirant d’immenses bouffées de sa pipe, se préoccupait vivement du voyage que son maître lui avait dit qu’il devait faire au Canada ; et ce qui l’occupait par dessus toute chose c’était de savoir jusqu’à quel point il y faisait froid. Soit que le sujet qui occupait son esprit lui fit vraiment croire qu’il se trouvait actuellement au milieu des glaces, ou que le temps fut réellement assez froid, toujours est-il qu’il était assis presque dans le feu, dans lequel il avait jeté une énorme quantité de bois sec. Le feu devint bientôt si intense que Tom, dont les pieds nus se trouvaient près du brasier, commença à en sentir l’influence. Son ronflement avait cessé, il se frotta les pieds les uns sur les autres, sans toutefois se réveiller. L’action trop directe de la chaleur sur la plante de ses pieds le réveilla bientôt néanmoins.

— Quelle est cette f… bête, qui veut nous rôtir tout en vie, avec ce feu d’enfer là ? grommela t-il en se mettant sur son séant. Tiens, Trim, c’est toi ! je ne te croyais pas si bête !

— A ti trop chaud ?

— Belle demande ! quand il nous brûle les pieds ! Tu feras bien mieux de faire bouillir l’eau pour le café, quand on se lèvera ; car je pense qu’il va bientôt faire jour. En attendant, je vais encore continuer mon somme.

Et il alla se coucher un peu plus loin du feu.

Trim ne s’était nullement formalisé de l’apostrophe de Tom ; au contraire il s’était mis à rire à l’idée que son ami avait eu trop chaud, tandis que lui avait froid. Il mit le canard au feu, et aussitôt que