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DEUX DE TROUVÉES.

duite vis-à-vis de moi jeudi dernier m’autorise à vous confier un secret que je ne pouvais vous dire l’autre soir, mais que les circonstances me permettent, me forcent même de vous révéler en ce moment. Je dois aussi vous ôter de l’idée ce mauvais soupçon que vous avez manifesté il n’y a qu’un instant. L’un de ces chefs, qui sont ici cachés, est mon frère. C’est lui que je vais voir, pour lui porter des providons et l’avertir de ce qui se dit et de ce qui se passe dans la ville. Voilà mes rendez-vous ! En êtes-vous jaloux ?

— Noble et généreuse sœur, je vous admire autant que je vous aime ; pourquoi ne m’avez-vous pas dit cela plus tôt ? j’aurais peut-être pu vous être utile ?

— Ce secret n’était pas le mien seul, hier.

— Et aujourd’hui ?

— Aujourd’hui je puis vous le dire, parceque l’on m’y a autorisé ; je sais qui vous êtes, vous êtes M. de St. Luc, ne soyez pas surpris, si je vous nomme ; je vous connais mieux que vous ne pensez, mais ce n’est point ici le lieu d’en parler, il suffit de vous dire que jeudi soir, après que vous m’eûtes sauvée des mains des bandits, je racontai à mon frère et à son compagnon ce qui m’était arrivé, le danger que j’avais couru, votre généreux secours ; je lui fis la description de votre personne, ainsi que de ce gros nègre qui accourut au premier coup de sifflet. « Je le connais, me dit mon frère, c’est M. de St. Luc ; tu peux avoir toute confiance en lui et tout lui dire. » « Non, reprit son compagnon, il vaut mieux ne pas le faire pour le moment ; si quelque circonstance rend plus tard cette confidence nécessaire, elle pourra la faire. » Voilà comment j’appris votre nom. Depuis, j’ai aussi entendu parler de vous par une autre