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DEUX DE TROUVÉES.

tant avec assez d’insouciance, en apparence, ce que lui dit un homme, d’une trentaine d’années, portant l’uniforme de la cavalerie volontaire.

La jeune femme vient de monter ; elle s’arrête un instant devant la porte du vieux garçon, puis marchant sur la pointe du pied, elle va frapper discrètement chez la modiste et entre avant qu’on lui ait dit d’ouvrir. La jeune femme était probablement dans l’habitude de venir dans cette maison, car elle dit sans façon :

— Je vais avec votre permission, me jeter un instant sur le sofa dans le petit cabinet. J’attends quelqu’un ; si l’on vient me demander, vous m’avertirez, n’est-ce pas, Madame ?

Sans ôter ses yeux de dessus sa bible, qu’elle s’était remise à lire aussitôt qu’elle eut reconnu celle qui était entrée, la vieille dame lui fit de la tête un signe affirmatif.

Aussitôt qu’elle fut entrée dans le cabinet, elle alla au sofa, qui était contre la cloison, et écouta ce qui se disait dans la chambre voisine. Elle prenait sans doute un intérêt bien grand à ce qui se disait dans cette chambre, car elle n’entendit pas la modiste qui, au bout d’un quart d’heure environ, vint à l’entrée du cabinet lui demander « si elle voulait prendre une tasse de thé. » Elle dort, pensa la modiste, qui se retira discrètement en fermant sur elle la porte du cabinet.

Le vieux garçon que nous nommerons M. Edouard parlait du bout de la langue. Il avait de la difficulté à prononcer les “ r ; ” ce qui rendait sa conversation un peu difficile à comprendre pour une personne non habituée à l’entendre.