Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
254
UNE DE PERDUE

posait devoir avoir des communications avec eux. On tenta de corrompre les domestiques de leurs familles, pour qu’ils tâchassent de pénétrer leurs secrets. Et malgré toutes les précautions les plus grandes de leurs amis, le lieu de leur refuge fut découvert ; et ce fut encore la même jeune femme qui, au milieu de la nuit, courut les avertir une demi-heure, tout au plus, avant que la police ne s’y rendit. Elle leur avait procuré les moyens de s’échapper. Mais quels dangers ne courut-elle pas pour les aider ; quels sacrifices d’amour-propre ne fut-elle pas obligée de faire, pour obtenir les renseignements qui lui permirent de devancer les forces envoyées pour les arrêter. Belle et bonne sœur, noble et courageuse femme, que nous appellerons Henriette ; nom que tu avais donné toi-même, en même temps que ton cœur faisait une offrande à la reconnaissance et que ta bouche formulait une prière à la générosité et à la discrétion. Ton action ne t’avait pas compromise, parceque celui en qui tu te confiais avait soupçonné un grand dévouement, quoiqu’il n’en connut point alors toute l’étendue.

St. Luc avait été infructueux dans ses recherches ; il n’avait pas pu même s’assurer au juste si c’était bien dans la rue St. Maurice qu’il l’avait perdue de vue.

Le soir, à la même heure que le jour précédent, il se rendit à l’entrée du faubourg St. Joseph, pour revoir son inconnue et attendit, examinant toutes les femmes qui passaient ; mais elles étaient toutes accompagnées, et d’ailleurs aucune d’elles n’avait la taille de celle qu’il cherchait. Déterminé à attendre, il marchait depuis le coin de la rue McGill jusqu’à