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UNE DE PERDUE

— Qu’est-ce qu’il y a, demanda Lauriot à voix basse, en arrivant tranquillement près de la pirogue où était Tom ? Avez-vous vu quelque chose ?

— Non, répondit Tom ; mais nous ne savons pas si nous devons faire le tour des baies ou bien piquer droit.

— Qu’en pensez-vous, Sir Arthur, ferions-nous mieux de traverser ou de côtoyer le bord des joncs ?

— Je n’en sais rien, qu’en dis-tu, Trim ?

Trim regarda le ciel quelques instants.

— Moué sé pas ; nuages caché étoiles, pas sûr si vient vent ; si couri le long du bord, beaucoup temps perdu, beaucoup chemin pou rien. Moué pensé pi-être il été mieux pour campé ici, dormi un peu, pis mangé un peu, pou partir au jour.

— Crois-tu que nous aurons du vent demain ? demanda Lauriot.

— Sé pas, mais cré pas.

— À terre, mes gens ! nous allons toujours fumer un cigare, et nous reposer quelques instants, dit Lauriot, en poussant sa pirogue sur une pointe de sable, que la marée avait laissée à sec. Tout le monde fut bientôt autour d’un bon feu que Trim alluma.

— Tu fais trop de feu, Trim, lui dit un des hommes, ça jettera une trop grande flamme.

— Qué ça fait. Vous chauffé li mieux, y a pas danger pour flamme été voyée ; la pointe caché li.

Après avoir fumé quelque temps, plusieurs se disposèrent pour dormir ; et Lauriot, après avoir nommé les hommes qui devaient faire la sentinelle et se relever d’heure en heure avec ordre de réveiller tout le monde la première lueur de l’aurore, alla