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UNE DE PERDUE

pour que je ne puisse vous voir mais d’assez près pour que je puisse entendre vos cris, si vous aviez encore besoin de mon secours.

— Vous le promettez ?

— Je le jure sur mon honneur.

La jeune fille marcha alors rapidement jusqu’à la première rue, puis, tournant encore à gauGhe, prit le milieu du chemin. Cette rue était sombre. Des maisons basses, en bois, de distance en distance, étaient bâties de chaque côté. Les volets étaient fermés et l’on n’apercevait aucune lumière.

St. Luc était complètement égaré ; il n’était jamais venu dans ce quartier. Il avait beau examiner, il ne reconnaissait rien, il ne voyait rien et n’entendait rien, sinon le sifflement du vent. Il marcha ainsi une dizaine de minutes, écoutant le moindre bruit. Arrivé au bout de la rue, il lui sembla être déjà venu à cet endroit dans la soirée. Il regarda à droite et à gauche sans savoir de quel côté diriger ses pas.

— Où suis-je, pensa-t-il ; il me semble que cette rue est la même que celle d’où je suis d’abord sorti avec elle. Pourtant non, il n’y avait pas cette lanterne allumée. Comment retrouverai-je cette rue demain ? Car il faut absolument que je découvre ce mystère. Je pourrais bien prendre des informations ; mais il y a peut-être là-dessous quelque grande infortune, et j’exposerais cette personne, soit à de grands malheurs, soit à de cruelles mortifications, si je confiais à d’autres une découverte qu’elle semble avoir tant d’intérêt à cacher. Pauvre jeune femme, quelle crainte elle avait d’être suivie ! Quelle énergie dans ses supplications, quel feu et quelle modestie en même temps