Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
DEUX DE TROUVÉES.

— Serait-ce une indiscrétion, lui dit-il, de vous demander où vous allez ?

— Il n’y a point d’indiscrétion à le demander, monsieur, mais je ne puis vous le dire, et vous voudrez bien me pardonner, si je vous prie de ne pas insister.

Il y a du mystère ici, pensa St. Luc. Quand il lui eut donné le bras, la jeune femme sembla hésiter un instant, puis elle lui dit :

— Il faut retourner, ce n’est point le chemin. Elle remonta la rue St. Henri, tourna à gauche dans la rue St. Joseph, ayant soin de se cacher le visage avec son manteau quand elle approchait d’une lampe. Pendant tout ce temps-là, St. Luc n’avait pas osé rompre le silence qu’elle gardait.

Arrivée au Carré Chaboillez, elle tourna encore à gauche, fit quelques pas, puis s’arrêtant sous une lanterne :

— Je vous suis bien reconnaissante pour les services que vous m’avez rendus ; si je ne vous en ai pas remercié plus tôt, et si je ne vous en exprime pas autrement ma reconnaissance, c’est que je ne puis trouver d’expression pour vous dire tout ce que je ressens. Maintenant, monsieur, je vous prierais de me permettre de continuer seule mon chemin, dit-elle, en retirant sa main, que par distraction, sans doute, il pressait dans la sienne. Et afin que vous ne pensiez pas que ce que vous venez de faire pour une inconnue n’est d’aucune valeur, regardez-moi et cessez de former des soupçons injustes.

En même temps, elle découvrit son visage à la lumière, et St. Luc vit et admira les traits de cette femme. Malgré ce qu’elle venait de dire et ce