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UNE DE PERDUE

une des piles de planches, qui se trouvait auprès.

— Sauvons-nous, c’est l’nègre, cria P’tit loup dont le bras était à moitié disloqué ; et, à la faveur des ténèbres, il s’échappa.

— Vous ne vous sauverez pas, vous autres, dit St. Luc en se relevant et en saisissant un des brigands au collet, tandis que Trim tenait l’autre. Tiens-le bien pendant que je vais attacher les mains de celui-ci ; fais-en autant au tien.

Quand ils leur eurent bien attaché les mains derrière le dos avec leurs mouchoirs, St. Luc ordonna à Trim de les conduire à la station de police, s’il ne rencontrait pas de patrouille ou de gens de la police auxquels il put les remettre. Huit heures sonnaient en ce moment au cadran du collège.

La jeune femme avait remis son manteau et s’approchant de St. Luc, le remercia ; puis ramassant un petit panier qui était à terre, elle sortit du clos et continua son chemin. — St. Luc, étonné qu’elle ne lui témoignât pas plus de reconnaissance, et plus étonné encore qu’elle continuât seule à s’avancer dans la rue, où elle avait été attaquée, sans lui demander sa protection, éprouva un grand désir de la connaître. Il la rejoignit, et lui demanda si elle lui permettait de l’accompagner. — Bien volontiers, dit-elle, et, si vous n’avez pas d’objection, je prendrai votre bras ; je me sens encore faible de la peur que j’ai eue.

Une petite main, délicatement gantée, s’appuya sur son bras. La jeune femme tenait dans sa main gauche, sous son manteau, le panier qu’elle avait ramassé. St. Luc vit bien qu’elle appartenait à la classe aisée de la ville.