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UNE DE PERDUE

pensant que ceux qui étaient chargés de trouver Madame Rivan, la trouveraient aussi bien sans son maître, qui ne la connaissait pas.

Les lanternes, éclairées à l’huile, ne jetaient qu’une faible lumière dans les rues, les vitres en étant couvertes de neiges. Arrivé dans le faubourg des Récollets, St. Luc aperçut une personne enveloppée d’un manteau dont elle ramenait les bords devant la figure, soit pour se garantir de la neige, soit pour ne pas se faire reconnaître. À sa démarche vive et alerte, mais craintive et mystérieuse ; à l’hésitation qu’elle mettait quelquefois à avancer, quand elle entendait ou apercevait quelqu’un venir, il n’eut pas de doute que ce ne fut une femme qui cherchait à se cacher et à ne pas être reconnue. Il ne fit pas d’abord grande attention à elle ; mais quand il la vit, au coin de la rue qui descendait au collège, regarder, hésiter, revenir sur ses pas, écouter, puis entrer dans cette rue, sa curiosité fut excitée, et il résolut de la suivre de loin. Elle descendit la rue qu’elle traversa, et, tournant à droite, elle entra dans la rue St. Maurice. La rue était obscure ; les lampes, rares dans cet endroit, avaient presque toutes été éteintes par le vent.

St. Luc, qui n’avait pas vu la jeune femme entrer dans la rue St. Maurice, ruelle peu fréquentée, cherchait à distinguer dans l’obscurité pour voir s’il ne verrait pas son inconnue, ou s’il n’entendrait pas le bruit de ses pas. Il ne put rien voir. La neige était trop épaisse et trop molle, pour qu’il put entendre aucun bruit ; d’ailleurs elle marchait si légèrement.

Il allait s’en retourner, quand il crut entendre un cri qui semblait venir d’une rue qu’il avait d’abord dépassée sans la remarquer. Il écouta, et se con-